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« le: 11 janvier 2009 à 16:23 »
Le fond du débat ne se situe pas là...
En fait, dans les RAW propriétaires de chacun des fabricants d'appareils numériques, il y a des informations enregistrées sous forme cryptée.
Par exemple, Canon enregistre bien la valeur de la distance de mise au point, mais elle l'est sous forme cryptée, c'est à dire illisible par un lecteur de métadonnées standard (exiftool, etc). Par contre, DPP sait parfaitement lire cette information (elle est utilisée pour effectuer les corrections d'optique dans la version 3.5.1 de DPP).
Au même titre, Nikon enregistre les valeurs de balance des blancs sous forme cryptée.
Ceci constitue en soi un problème dans la mesure où le photographe n'a pas accès directement à ces valeurs et par l'outil de son choix. Il doit impérativement utiliser les logiciels fournis par les fabricants (DPP ou CaptureNX, par exemple) pour tirer parti des informations présentes dans le fichier de prise de vue.
Ce qui est dommage, c'est que le photographe ne maitrise pas son processus artistique car certaines données lui sont inaccessibles.
Ce n'est pas la faute d'Adobe, mais des fabricants !
Par contre, ni Adobe, ni les autres éditeurs de logiciels n'ont théoriquement accès à ces données cryptées. ce qui fait qu'ils ne peuvent directement en tirer parti.
Ceci dit, le format DNG ne fait que recopier les données présentes dans le fichier RAW d'origine et enregistre donc sous forme cryptée ce qui était sous forme cryptée dans le RAW d'origine.
C'est précisément ici que rentre en jeu la confusion avec l'appellation "de format ouvert" qui est attribuée à DNG.
Le format DNG est effectivement "ouvert" en ce sens que tout son contenu est documenté et donc accessible. Néanmoins, le format DNG ne décrypte pas ce qui est crypté dans les RAW propriétaires.
L'obtention de la levée du cryptage de certaines données correspond à l'initiative "OpenRAW", qui n'est en aucun cas un format de fichier, mais seulement un collectif militant pour que les données cryptées ne le soient plus.
Par ailleurs, le format DNG a un rôle de conteneur. A ce titre, on peut trouver encapsulés dans un fichier DNG, aussi bien de vrais fichiers RAW que des fichiers 8 bits, 16 bits et 32 bits, des données dématricées (DNG linéaire ou bien le pseudo-format DNG issu de DxO - ce ne sont que des bitmaps), des fichiers RAW de scanners, etc.
On le voit, le format DNG ne se limite pas à l'encapsulage des RAW issus d'un appareil photo numérique, mais va beaucoup plus loin.
Se pose également la question de la portabilité du format DNG.
Aujourd'hui, les grands logiciels présents sur les plateformes Windows et Mac savent majoritairement lire le format DNG, mais pas le monde Linux (Digikam est en quelque sorte le pionnier, les autres suivent lentement). J'ai pu constater ce problème lorsque je suis passé dans le monde Linux il y a un an : ayant converti les .crw issus de mon premier Canon 300D en DNG (sans garder les RAW !), je ne pouvais plus les lire.. Je suis revenu chez Windows depuis pour cette raison, mais pas seulement.
Pour l'heure, je crois inutile d'opposer le format DNG aux formats RAW propriétaires.
L'initiative d'Adobe de proposer un format universel est en soi une excellente chose. Il deviendra "universel" quand les fabricants voudront bien ne pas mettre de données cryptées dans leurs fichiers propriétaires...
Mais tant que les RAW propriétaires sont lisibles, autant continuer à les utiliser.
Les logiciels propriétaires (ceux édités par les fabricants d'appareils photo - DPP ou Capture NX, par exemple) sont les plus à mêmes d'exploiter toutes les données de prises de vue, y compris les données cryptées. Mais ce ne sont malheureusement pas des modèles d'ergonomie et de productivité, comparés à Lightroom...
Rappelez-vous seulement que les .crw issus des Canon 300D ne font (déjà) plus parti du Codec RAW fourni par Canon (ce Codec permet d'afficher directement les RAW dans l'explorateur de Windows) et qu'il faut donc les convertir au format DNG pour que cela fonctionne.
Pour conclure, je dirais qu'il n'y a aujourd'hui pas de mauvaise direction ou de bonne direction, seulement des options avec leurs avantages et leurs inconvénients et se faire une religion absolue serait une erreur dans cette période transitoire.
Il faut juste être attentif aux (rapides) évolutions dans ce domaine afin de pouvoir réagir correctement le moment venu.