Outils : Lightroom 1.0 et Camera Raw 4.1.

Niveau : confirmé.

Temps de traitement de l’image : 10 mn.

Note : cliquez sur les images pour les agrandir.

Cet article est publié dans une page à part car il est assez long et comporte plus d’une vingtaine de captures d’écran. Je vais vous montrer que Lightroom permet également de travailler sur des images numérisées qui, par conséquent, ne contiennent pas de métadonnées. On va donc naviguer à vue et exploiter, justement, l’approche « visuelle » de l’interface de Lightroom.

Fig. 1 L’image originale numérisée

La numérisation de l’image originale, une diapositive Fuji Sensia 100, est de mauvaise qualité. Effectuée sur un scanner à plat Epson 3200 – pas franchement performant pour ce genre de travail – elle est destinée à ma galerie web. Elle présente les problèmes suivants ( Fig. 1 et 2 ) :

  1. Forte dominante magenta / pourpre.
  2. Trop dense.
  3. Très faible netteté.
  4. Granulation très présente.
  5. Présence de bruit structuré en fines bandes verticales, dû au système d’analyse du scanner.
  6. Poussières ( Fig. 2 ).

Fig.2 Présence de nombreuses poussières

Le travail a été réparti entre Lightroom et Camera Raw 4.1 pour profiter des nouveaux outils d’accentuation qui seront intégrés dans la version 1.1 à venir de Lightroom. Au cours de cette démonstration, vous pourrez constater la totale compatibilité entre le logiciel de post-production et le module de développement de Photoshop CS3, qui constitue une des grandes forces de cet ensemble.

Après bref examen de la photo et de l’histogramme interactif, je vais entreprendre les actions suivantes :

  1. Trouver une balance des blancs acceptable.
  2. Ajuster l’exposition, récupérer les quelques hautes lumières et les noirs, éclaircir les ombres.
  3. Atténuer la forte dominante pourpre et redonner au ciel une teinte proche de la diapo originale.
  4. Nettoyer les poussières.
  5. Accentuer l’image en essayant de trouver un équilibre acceptable entre une bonne netteté apparente et la montée du grain, notamment dans le ciel, en utilisant au mieux le nouvel outil de masquage.

1. Balance des blancs ( Fig. 3 à 6 ) :

Ne disposant d’aucune donnée de balance des blancs, je vais donc procéder à plusieurs essais avant de trouver un réglage satisfaisant. Dans le cas d’une image numérisée, le menu de préréglage de la BdB n’est évidemment pas disponible : seules 3 options sont possibles :

  • As shot : image brute.
  • Auto : automatique, comme son nom l’indique, mais avec des résultats aléatoires.
  • Custom : utilisation de la pipette.

Fig. 3 Première tentative d’ajustement de la balance des blancs ( BdB ). Echec.

Dans la tentative de la Fig. 3 ci-dessus, j’ai placé la pipette sur une zone blanche de l’avion, sans obtenir de changement tel que vous pouvez le constater dans la comparaison avant / après.

Fig. 4 Deuxième tentative… nouvel échec.

Pour la deuxième tentative, Fig. 4 ci-dessus, je décide une solution radicale en plaçant la pipette dans le ciel bleu / pourpre, obtenant évidemment des teintes opposées beaucoup trop jaunes. A chaque étape importante, je crée un instantané ( snapshot ) à partir de l’historique, comme indiqué par les deux flèches rouges, afin de revenir rapidement à cette étape si leur nombre augmente considérablement.

Fig. 5 Dernière tentative retenue puis léger ajustement des curseurs.

Enfin, je place la pipette sur les zones jaunâtres du fuselage et j’obtiens un bleu nettement moins chargé en magenta / pourpre, Fig. 5 ci-dessus. J’ajuste néanmoins le curseur de la teinte un peu plus dans le vert ( rectangle rouge dans l’exemple ), sachant qu’il faudra pas mal désaturer avec les commandes HSL ( voir Fig. 11 ).

2. Exposition, ajustement des hautes et basses lumières, éclaircissement des ombres ( Fig. 6 à 10 ) :

Mon image est beaucoup trop dense, il y a des hautes lumières écrêtées, les noirs ne s’étalent pas jusqu’à l’extrémité gauche de l’histogramme et le dessous de l’avion est bouché.

Fig. 6 Augmentation de l’exposition et ajustement des noirs.

Dans la Fig. 6, j’augmente l’exposition d’environ un demi diaphragme et j’étale les noirs jusqu’au l’extrémité gauche, sans toutefois les écrêter, afin d’alléger la densité globale de l’image.

Fig. 7 Affichage des hautes lumières ( HL ) écrêtées.

Dans la Fig. 7, j’affiche les HL à récupérer car certaines parties de l’avion sont peintes en blanc. Les HL écrêtées s’affichent sous forme de zones rouges, après avoir placé la souris sur le bouton HL dans le coin supérieur droit de l’histogramme. Pour un affichage permanent, cliquez sur ce bouton.

Fig. 8 Affichage des HL, avant récupération.

Fig. 9 Affichage des HL, après récupération.

Après avoir cliqué sur le bouton HL de l’histogramme, cliquez sur le curseur de récupération tout en appuyant sur la touche Alt ( Option pour Mac ). Vous ne verrez plus que les zones concernées, telles que montrées dans les Fig. 8 & 9 ci-dessus. Une excellente méthode qui permet de juger à coup sûr du résultat.

Fig. 10 Eclaircissement des ombres.

Les ombres sous l’avion ont encore besoin d’être débouchées, grâce au curseur lumière d’appoint ( Fig. 10 ).

3. Désaturation rouge, magenta et pourpre ( Fig. 11 ) :

Fig.11 Désaturation avec l’outil d’ajustement de la cible ( TAT ).

La désaturation se fait à l’aide des commandes HSL ( TSL en français ) et de l’outil TAT que j’ai placé sur l’avion ( Fig. 11, ellipse rouge ). J’ai agi sur la saturation, la teinte et la luminance des tons concernés ( rouge, magenta, pourpre ) en utilisant les flèches haut et bas du clavier. Le ciel a également retrouvé un aspect plus naturel.

4. Dépoussiérage ( Fig. 12 et 13 ) :

Pas de surprises, la numérisation de diapositives et de films sur un scanner non-équipé de l’excellent système ICE réclame un travail de nettoyage éprouvant… sauf que cette corvée est devenue un vrai plasir, grâce à la simplicité et l’étonnante efficacité de l’outil intégré à Lightroom. Et, cerise sur le gâteau, ACR 4.0 et Lightroom sont totalement compatibles, dans le sens ou le nettoyage dans l’un est parfaitement reconnu – et éditable – dans l’autre. Une nouvelle preuve de la solidité des solutions Adobe…

Pour accélérer le travail, retenez les astuces suivantes :

  • Pour naviguer rapidement dans l’image, passez au moins en grossissement 1:1 puis placez vous dans le coin supérieur gauche de l’image. Appuyez sur la touche bas de page du clavier… lorsque vous arrivez en bas de la photo, un appui supplémentaire vous ramène automatiquement en haut, à la colonne suivante.
  • Le diamètre du réticule de sélection est ajustable avec la molette de la souris, ce qui est un véritable confort.
  • Vous pouvez à tout moment revenir en arrière, supprimer ou modifier une réparation, même après avoir quitté l’application.
  • Après avoir sélectionné le défaut à réparer, vous devez glisser le pointeur de la souris vers l’emplacement à cloner. Si vous cherchez une précision absolue dans la sélection de cet emplacement, passez en agrandissement élevé, et utilisez les flèches du clavier pour déplacer ou positionner parfaitement le réticule sur la zone à cloner.

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Fig.12 Image après opération de dépoussièrage. Les réticules disparaîssent dès que vous quittez l’outil.

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Fig.13 La même image ouverte dans Camera Raw 4.1, outil de nettoyage sélectionné.

5. Ouverture de l’image dans Camera Raw 4.1 ( Fig 14, 15, 16 et 17 ) :

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Fig.14 La même image ouverte dans Lightroom et dans ACR 4.1. Pour ceux qui en doutaient encore, l’affichage et les couleurs sont rigoureusement identiques, puisque ces deux logiciels partagent le même moteur, les mêmes algorithmes et la même compatibilité avec les appareils du marché.

 

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Fig. 15 Les ajustements dans Lightroom sont évidemment strictement identiques aux indications d’ACR 4.1 dans les figures 16 et 17 suivantes.

 

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Fig.16 Réglages basiques ACR 4.1.

 

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Fig.17 Réglages HSL / onglet saturation ACR 4.1.

 

Note : pour profiter pleinement de l’interopérabilité Lightroom / Adobe Camera Raw 4., vous devez paramétrer l’écriture automatique de métadonnées au format XMP dans les préférences des deux logiciels.

 

6. Accentuation ( Fig. 18 à 23 ) :

 

Lightroom 1.1 n’est pas encore disponible mais ACR 4.1 dispose déjà – entre autres – des outils d’accentuation qui y seront intégrés. Je vous offre ce petit détour dans Photoshop CS3 pour vous habituer aux outils dont vous disposerez bientôt. De plus, cette prochaine version vous permettra très certainement de synchroniser, manuellement ou automatiquement, vos réglages d’accentuation et / ou de débruitage dans une sélection de plusieurs images. Je profite donc de cet article pour vous expliquer le rôle de ces nouveaux outils, étape par étape.

Tout d’abord, vous devez vous souvenir que, lorsqu’on numérise un film, on perd beaucoup de netteté, notamment si on a bien pris soin de désactiver toute accentuation. Ce n’est pas un problème : toutes les informations sont présentes et demandent à être exploitées correctement. L’autre problème d’une image en provenance d’un film, c’est la montée du grain, inévitable lorsqu’on accentue. ACR 4.1 – et bientôt Lr 1.1 – proposent donc des outils qui permettent de tout contrôler au prix d’un peu d’apprentissage et d’expérimentation.

Note : pour utiliser les outils d’accentuation et apprécier leur effet, vous devez afficher la photo à AU MOINS 100 % ( ACR ) ou 1:1 ( Lightroom ).

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Fig. 18 Première étape : accentuation classique.

  • Renforcement ( Fig. 18, flèche rouge ) : il s’agit tout simplement de doser la netteté globale entre 0 et 150.Si vous devez aller dans les valeurs extrêmes ( bien au-delà de 100 ), il faudra jouer avec les autres commandes pour atténuer la montée du bruit, du grain et des halos sur les contours. Mon image a besoin d’un sacré coup de fouet, je choisis donc une valeur de 90, pour essayer de compenser la perte de piqué dûe à la numérisation. Comme prévu, le grain et le bruit en bandes montent. Les halos, dûs à la mauvaise qualité du capteur du scanner et de l’effet combiné de l’illumination et de la vitre, sont également bien présents mais, dans ce cas précis, faisant partie de l’image, il ne sera pas possible de les éliminer. L’image étant destinée à ma galerie web, ce n’est pas dramatique. La photo est en niveau de gris car j’appuie en même temps sur la touche Alt ( Option ) du clavier afin de mieux appréhender l’effet.
  • Rayon ( Fig. 18, flèche verte ) : ce curseur contrôle le nombre de pixels adjacents d’un contour pouvant être affectés par l’accentuation. L’échelle va de 0.5 à 3 mais je laisse la valeur par défaut – 1 pixel – qui me semble un bon compromis dans la plupart des cas.

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Fig. 19 Extraction de détails à 100 %.

 

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Fig. 20 Extraction de détails ajustée à 10 %.

 

  • Extraction de détails ( Fig. 19 et 20 ) : cette commande permet de renforcer les détails en déplaçant le curseur vers les 100 % à droite. A l’inverse, en allant vers la gauche, on atténue progressivement les halos, ce qui est bien utile dans notre exemple. Notez la différence entre la Fig. 19 ( réglage à 100 % ) et la Fig. 20 ( réglage à 10 % ). N’oubliez pas d’appuyer sur Alt ( Option ) pour visualiser directement ce que vous faites.

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Fig. 21 Masquage à 5 %.

 

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Fig. 22 Masquage à 50 %.

 

  • Masquage ( Fig. 21 et 22 ) : une autre nouvelle fonction très efficace et très pratique permet, par une technique de masquage automatique, de plus ou moins atténuer l’accentuation sur les zones à l’intérieur des contours. Dans la Fig. 21, la commande est à 5 % – le masque étant donc pratiquement inexistant – et l’accentuation s’applique encore partout, notamment sur les contours du grain et des moindres détails. Par contre, dans la Fig. 22, on est à 50 % et on peut voir que le grain a été considérablement lissé au profit des contours.

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Fig. 23 Comparaison avant / après accentuation.

 

Dans la Fig. 23, on peut constater que l’avion est bien plus net mais que le grain visible dans le ciel n’a pas bougé. J’aurai pu atténuer encore mais au risque de faire perdre un peu de matière à la photo.

 

7. Conclusion :

 

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Fig. 24 Résultat final avant / après.

 

La Fig. 24 montre une comparaison entre l’image de départ, totalement hors des rails, et ce que j’ai pu obtenir. Je ne dispose pas d’un scanner de qualité mais il va sans dire qu’avec un Nikon Coolscan, on doit pouvoir obtenir des résultats spectaculaires.

 

 

 

 

 

 

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5 commentaires sur l'article “Traiter une image numérisée avec Lightroom”


  1. Par Jacques URBAIN, le 23 août 2007 à 11:23

    Merci pour cette belle leçon.

    Dommage que la dernière image ( 25 ), la comparaison avant / après n’apparaisse pas ( PowerBook – Safari – Camino etc … )

    J a c q u e s


  2. Par Gilles, le 23 août 2007 à 11:43

    Merci de m’avoir signalé le problème… j’ai souvent des soucis avec les images avec le blogger WordPress : disparitions ou inversions avec d’autres articles.
    Il faut juste que je regarde ou j’ai stocké l’original.


  3. Par Loïc, le 25 août 2007 à 0:44

    Bonjour.

    Ca fait pas longtemps que je suis passé à la photo numérique, et jusqu’à maintenant je me suis servi de LR uniquement pour travailler sur ces photos.
    Je viens d’attaquer la numérisation de mes diapos, et cet article est tombé à à point nommé.
    Parcontre j’ai besoin de votre aide concernant l’archivages de ces scans.
    En effet, je n’arrive pas à appliquer la date de prise de vue dans les métadonnées. Bien que j’entre celle-ci dans « date de création », LR n’en tiens pas compte pour le classement dans l’explorateur de métadonnées…
    J’ai pour l’instant travaillé une seule diapo et il me la classe dans Aout 2007, alors que la prise de vue date d’avril 2006. Deplus les autres dias numérisées quand à elles sont classées dans un « dossier » « date indéterminée ».

    Auriez vous une explication à me fournir ?

    En vous remerciant.
    Loïc

    PS: Mes excuses si ce messages n’est pas à sa bonne place et gêne la lecture du site


  4. Par Gilles, le 26 août 2007 à 10:57

    @ Loïc

    Je n’ai pas encore eu l’occasion de me pencher sur les problèmes que vous citez mais j’en aurai l’occasion puisque je viens de me commander un Coolscan V pour archiver mes films… ce qui signifie que je vais développer mes articles dans ce sens car beaucoup de photographes veulent archiver leurs stocks sous forme numérique.

    Je sais également que le logiciel de numérisation Vuescan est capable d’enregistrer les fichiers au format DNG exploitables par Lightroom, et l’auteur semble l’utiliser pour gérer ses photos. En tous cas, il le recommande sur son site ( http://www.hamrick.com/ ).


  5. Par Bernard, le 2 juillet 2009 à 14:24

    Je suis assez fan de camera-raw et je viens d’acquérir LR2.2
    et en lisant votre tutoriel j’ai pu lever des zones d’ombres concernant l’accentuation et surtout le masquage que je n’avais encore jamais utilisé ne sachant pas ce que c’était! Et oui,à mon grand dâme je suis un grand timide, ce qui est très pénalisant quand on s’intéresse aux produits d’Adobe:Photoshop,illustrator et maintenant lightroom. Merci pour la clarté de votre travail, en effet, je comprends vite mais faut m’expliquer longtemps!
    A bientôt, Bhdt.