Bonjour à tous,

Après cette débauche de logiciels et d’utilitaires orbitant autour de Lightroom, revenons à nos moutons pour aborder, aujourd’hui, un sujet qui me préoccupe et qui me pousse à prendre la parole et à vous demander de rester prudents et, surtout, de ne pas vous laisser berner par certains discours.

En effet, il y a quelques jours, deux sites qui ont l’habitude d’aborder assez fréquemment Lightroom ont publié de concert des astuces permettant de placer un catalogue en réseau, afin d’y accéder à partir de plusieurs machines, mais pas de manière simultanée, et dans le but de passer outre les outils d’exportation/importation de catalogues, méthode qui fonctionne bien mais qui n’en reste pas moins un peu lourde. L’une des astuces consiste tout simplement à créer, sur un réseau, une image disque contenant le catalogue. Dans ce cas, on arrive à contourner la routine de vérification de Lightroom, censée déclencher un message d’alerte indiquant que le catalogue est sur un réseau et ne peut donc être exploité.

À la lecture de ces sites, on a l’impression qu’il s’agit d’une découverte récente et d’une solution miraculeuse. Malheureusement, il n’en est rien : le truc de l’image disque est connu et discuté depuis les débuts de Lightroom, aussi bien en public qu’en interne, au niveau de l’équipe de développement et, surtout, il n’est en rien validé, approuvé ou conseillé par Adobe.

Une des raisons pour lesquelles on ne peut pas utiliser un catalogue en réseau tient au fait qu’une base de données SQLite s’accommode mal de cette situation, et n’offre, à ce jour, pas de garanties suffisantes en ce qui concerne la stabilité, les performances et la protection des données. Le problème qui passe complètement à la trappe, à la lecture de ces articles, c’est qu’une base de données SQLite repose aussi sur le fait que le système d’exploitation « pense » que les informations y ont bien été écrites mais, malheureusement, les volumes en réseau peuvent mentir, en quelque sorte, dans le but de maintenir un niveau de performances le plus élevé possible.  Dan Tull, l’un des responsables du secteur catalogue/base de données Lightroom a lui-même mené de nombreux essais, et a pu très facilement corrompre complètement ses catalogues Lightroom de test. Et cette corruption peut être fatale, rendant des années de travail irrécupérables si vous n’avez pas procédé à des sauvegardes.

Le fait de contourner cette limitation par l’intermédiaire d’une image disque n’apporte aucune sécurité  : il suffit d’un bref problème de stabilité du réseau au moment où le catalogue est en cours d’écriture pour mettre ce dernier en péril. Bien sûr, tant que ça ne se produit pas, tout va bien… jusqu’au jour où…

Ce que je trouve incroyable, c’est que cette astuce semble avoir été mise en place chez des professionnels. Je pense qu’il s’agit d’une démarche particulièrement imprudente, même si on se défend en affirmant haut et fort « j’ai testé » (oui, mais en suivant quel protocole ? De quelle manière ? Mystère…). En effet, cette méthode n’étant en rien approuvée ni conseillée par Adobe, comment peut-on passer outre ? Que se passera-t-il en cas de pépin ? Qui sera responsable ? Pas Adobe en tout cas, et le client n’aura plus que les yeux pour pleurer, en espérant pour lui qu’une solide politique de sauvegarde a bien été mise en place. N’oublions pas non plus que détourner les fonctions d’un logiciel, c’est se mettre en porte à faux d’un point de vue légal vis à vis de l’éditeur…

C’est d’autant plus affligeant que la réponse à mes remarques et questions a été : « les recommandations d’Adobe, on s’assoit dessus ». Attitude très professionnelle, effectivement…

Bien entendu, rien ne vous interdit d’essayer mais vous verrez qu’à terme, cette solution ne présente aucun avantage concret – en gros, ça ne sert à rien ! – surtout par rapport aux inutiles complications et aux risques encourus. Même si ces derniers sont relatifs, ils ne sont jamais à exclure. C’est un fait, ça a été démontré.

Par contre, je ne peux que vous conseiller de suivre les recommandations suivantes :

- En ce qui concerne la sécurité, privilégiez les conseils de l’éditeur du logiciel, au lieu de suivre les bricolages et les solutions insuffisamment testées, en volume comme en durée dans le temps, préconisées par certains « spécialistes ».

- Faites des sauvegardes régulières de vos catalogues, de vos images.

- Entretenez régulièrement votre catalogue (test d’intégrité, optimisation).

Si vous lisez l’anglais, vous trouverez une conversation sur le même sujet, dans le forum Adobe US, avec des commentaires très explicites de Dan Tull. Quant à moi, avant de rédiger cet article, j’en ai bien entendu discuté avec le team Lightroom qui a été très clair là dessus : à éviter absolument !

À bientôt !

Gilles.

 

 

 

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13 commentaires sur l'article “Contourner l’impossibilité d’utiliser un catalogue Lightroom en réseau : prudence !”


  1. Par Laurent, le 26 mars 2013 à 10:33

    N’importe quel informaticien un tant soit peu avisé ne pourra qu’être d’accord avec vous Gilles…


  2. Par bigedison, le 26 mars 2013 à 10:54

    Donc à quand une solution « oficielle’ et stable proposée par Adobe ?

    Car quel rêve de pouvoir faire de l’editing en déplacement sur un portable et automatiquement ce même éditing est mis en place sur la station de travail… à la manière d’un partage de catalogue via Dropbox :-)


  3. Par Fred, le 26 mars 2013 à 11:02

    En tant qu’avisé je partage totalement ce point de vue. Merci pour la petite piqure de rappel.

    Lightroom est beaucoup utilisé par des professionnels de l’image, il me semble primordial qu’ils soient conscients des risques qu’ils encourent.

    Merci…


  4. Par Gilles, le 26 mars 2013 à 11:05

    @ bigedison

    En ce qui concerne le partage de catalogues, il faut bien se rendre compte que ça ne se limite pas au fichier .lrcat, il faut aussi partager les aperçus, les paramètres prédéfinis, les options, etc.
    La position officielle est que l’idée est bien comprise, mais que d’autres fonctions ont été privilégiées ces dernières années.

    Quant à votre autre requête, peut-être verra-t-on des solutions plus pragmatiques en attendant… who knows.


  5. Par Patrick, le 26 mars 2013 à 12:53

    Je souscris entièrement a ce que tu as écrit, Gilles. Pour les besoins d’un livre, j’ai longuement testé cette solution et je suis parvenu sans trop de difficulté à faire crasher le catalogue en réseau. Comme tu le dis, ça peut ne jamais arriver, mais si ça arrive, c’est retour à la dernière sauvegarde. Pour ma part, je ne la conseillerais pas à une entreprise devant gérer un catalogue d’images. En revanche, j’utilise cette solution depuis longtemps pour accéder en lecture à une copie de mon catalogue depuis un portable. Même pas besoin de NAS, je l’ai installé sur le disque dur de ma Freebox ! ;-)


  6. Par emb, le 26 mars 2013 à 13:34

    1 pour Gilles

    Petite anecdote qui est en plein sur le sujet : je travail pour une boite qui édite des progiciels de gestion. Nos conditions générales sont strict en ce qui concerne l’utilisation du logiciel et ses sauvegardes (sauvegarde a faire tous les soirs entre autre)

    La semaine dernière un pc de client crash (dd qui rend l’ame) la dernière sauvegarde effectué datait de Aout 2012 : resultat : 7 mois de chiffre d’affaire envolé « comme par magie ». Heureusement pour le client nous nous étions connecté pour une mise a jour debut fevrier et avion recuperé une copie de sa base. Il s’en sort donc avec 1 mois de Ca volatilisé…

    MORALITE : TOUJOURS SUIVRE LES PRÉCONISATIONS D UN ÉDITEUR.


  7. Par bob, le 26 mars 2013 à 14:13

    …pour être spécialisé dans les bases de données et leur gestion, je plussoie à cet article… Il y a de fortes probabilités qu’un jour vous ayez un petit souci avec la BDD, ici SQlite ou autre gérée ainsi. Mais on est en démocratie, vous faites comme vous voulez :-)


  8. Par Lolo, le 26 mars 2013 à 22:01

    Bonsoir,

    Beaucoup de bruit pour rien dirait Shakespeare ?

    Je pense que, comme tout débat, c’est à chacun de se faire son idée. Gilles et d’autres défendent leurs points de vue, c’est le principe du « débat ». Personnellement, je suis un bien piètre informaticien…Je ne m’amuserais donc pas à ce genre de manoeuvre et préfère m’en tenir au conseils prodigués ici. Mais si un expert veut tenter le coup…Je pense qu’informer est une noble entreprise, mais vouloir satisfaire tout le monde est vain…

    C’est en se cassant la gu**le..(ou pas !) que chacun se fera son idée. Messieurs, on ne peut cependant pas vous reprocher de nous prévenir ou nous rassurer, chacun dans votre « vision » des choses.

    Peacefull…


  9. Par Martin, le 27 mars 2013 à 8:57

    Comme il n’y à pas de vérité première (Voir Gaston Bachelard)
    Il n’y à que des erreurs rectifiées donc……
    Est ce plus raisonnable de monter des usines à gaz, préconisées par des spécialistes auto proclamés pour être confiant en leurs propos.
    Voir les pseudos essais de matériels dans des revues dites sérieuses puisque spécialisées, qui au demeurant font de fait du publi rédactionnel, supports publicitaires oblige.
    Un peu d’empathie pour chacun n e nuirait pas au dialogue mais y à t’il volonté de dialogue?


  10. Par fiatlux, le 27 mars 2013 à 9:45

    La manip est effectivement osée (que faire si on perd le réseau?), mais répond visiblement à un besoin perçu.

    La solution dropbox me semble moins risquée (le catalogue reste stocké en local, c’est dropbox qui se charge de la synchro), tant qu’on ne lance pas Lr sur deux machines partageant la même catalogue à la fois. Je recommanderais de ne synchroniser que le catalogue, pas le fichier de images de prévisualisation (qui fait près de 20Go dans mon cas).


  11. Par Gilles, le 27 mars 2013 à 9:53

    Oui, c’est lourd et hasardeux… c’est la conclusion de tous les articles consacrés au même sujet sur le net et dont certains remontent à 2008 – 2009, avec, au moins, l’honnêteté de reconnaître qu’il y a une part de risque et d’insister sur les précautions d’usage, au lieu de s’assoir sur Adobe… !


  12. Par Gilles, le 27 mars 2013 à 11:04

    Utiliser Dropbox n’a rien de compliqué bien au contraire puisque la solution créée en local les dossier nécessaires… »

    Personne n’a jamais prétendu le contraire…


  13. Par Jean-Marc, le 27 mars 2013 à 14:29

    Bonjour, en effet il ne faut pas prendre pour argent comptant des astuces qui touchent à l’utilisation du catalogue. A chacun de tester selon ses besoins. Rien n’empêche de tester mais surtout, surtout, il faut penser à sauvegarder.
    Quand j’exporte mon catalogue du PC, pour l’exploiter sur le portable (tri, mot-clés), et ensuite le réimporter dans le catalogue, ça fonctionne très bien mais je veille à faire une sauvegarde avant l’import.
    Soyons prudent dans tous les cas, sauvegardons !